VISION #35 - Louis Canadas
De loin, je le regarde parler. Le crâne complètement rasé, une longue barbe touffue et un corps longiligne. Il arbore un sourire franc. La première fois que je rencontre Louis Canadas, c’est lors de la signature de son nouveau livre Tour, publié aux éditions Secondes. Je suis cependant avec attention le travail de ce photographe depuis quelques années. Quand on parcourt son site ou son Instagram, on a un aperçu de son intrigant travail. Ce qui frappe en premier ? Je ne pourrais pas dire. Peut-être son username « supercomportement », les couleurs surnaturelles de ses photos, ses compositions, souvent penchées, complexes. Tiens, Michel Drucker moulé en tenue de vélo. Un peu plus bas, un marathon nudiste. On scrolle, on scrolle. Encore plus bas, Jean Claude Van Damme, l’air nostalgique, avec une lumière dorée, très bling bling. Louis Canadas semble laisser court à son imagination débordante. Le bon sens et les codes qui pourraient créer une « bonne photographie » ne l’intéressent pas. Ça tombe bien, moi non plus. Remplissez vos gourdes, enfilez un short, ça va être sportif. Bonne écoute.
Photo : Louis Canadas, carnaval de Binche, première photo décriteChaque vision est singulière, porteuse de sens et de changement. Le but de ce format est de rassembler de nombreux artistes et que chacun nous délivre sa vision et son expérience de la photographie.
Cet épisode a été réalisé en partenariat avec Adobe France.
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Louis Canadas vient du centre de la France, de Bourges. Après le bac, il commence des études en sciences de l’ingénieur, à Vierzon. Un train très tôt le matin et un autre tard le soir : ce temps d’attente et d’ennui lui font découvrir la photographie. Quelques années en arrière, il a déjà une révélation – ou en tout cas une première conscience du médium photographique - en découvrant une simple image, celle d’un moteur de Renault. Il est tout de suite frappé par les couleurs et la qualité du tirage. Ici, le banal est sublimé.
Il décide très tôt de quitter ses études et de monter à Paris, où il y rencontre Jean-Roch de Logivière, son colloc, avec qui il va reprendre quelques années plus tard le magazine Mouvement. De fil en aiguille, il commence à travailler en presse et à enchaîner des commandes. Louis shoote quasiment tout de suite en argentique, d’abord à la chambre grand format. Il tire lui-même ses photos. « Je suis bricoleur », dit-il.
Louis un grand fan de sport, notamment de Formule 1 quand il était plus jeune, puis de foot (une passion débordante pour Liverpool) et de cyclisme. C’est tout naturellement qu’il s’intéresse au Tour de France, mythique compétition qui traverse la France de long en large et en travers durant l’été. En 2020, covid oblige, le Tour est annulé, puis finalement reporté. Le photographe décide de s’emparer de ce faux départ en suivant le tracé officiel de la compétition qui n’a pas eu lieu, pendant cette période de suspension. Nous évoquons longuement ce projet dans ce podcast, en nous arrêtant sur son processus de création et en soulignant les notions de circulation, de vide, de territoire et même de paysage vernaculaire.
Photos : Louis Canadas, Tour, 2020« J’ai l’impression de vouloir faire poser des situations, des réalités, plus que des gens. »
– Louis Canadas
Photos : Louis Canadas, Tour, 2020Dans ce podcast gorgé d’anecdotes et d’informations, d’autres sujets sont abordés comme son rapport singulier aux couleurs, à l’expérimentation, à la mise en scène, au temps… Nous évoquons aussi en conclusion son rôle dans le magazine Mouvement et ce que cela lui apporté personnellement dans sa vie et dans sa manière de photographier et de concevoir la presse. Le futur de la photographie pour Louis ? Vous allez l’entendre, il semble assez particulier.
