VISION #34 - Cha Gonzalez
La première chose qui m’a frappé quand j’ai vu les photos de Cha Gonzalez, c’est la lumière. Une maîtrise de la lumière, dans des lieux pourtant souvent très sombres, que je n’avais vue nulle part ailleurs. Et puis vient l’aspect pictural. On pourrait croire que toutes ses photos ont été soigneusement composées et mises en scène : les mouvements, les gestes, les regards. Pourtant, la plupart de ses images ont été prises sur le vif, à la manière d’un photographe de rue. Cette pratique photographique qui a été son « premier amour » – après la peinture et le dessin. Elle déclenche toujours au bon moment, celui qui nous fait ressentir en tant que spectateur des émotions profondes, parfois insoupçonnées. J’étais donc très content de pouvoir enregistrer ce podcast. Entre deux reportages pour Libération, le rendez-vous est donné à Paris, dans le 11ème arrondissement. Laissez-vous embarquer dans l’univers de Cha Gonzalez, accompagné par le son techno du producteur et DJ, Sina XX. Excellente écoute !
Chaque vision est singulière, porteuse de sens et de changement. Le but de ce format est de rassembler de nombreux artistes et que chacun nous délivre sa vision et son expérience de la photographie.
Cet épisode a été réalisé en partenariat avec Adobe France.
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Photographe française, Cha Gonzalez est née à Paris et grandit en région parisienne. Elle passe ensuite son adolescence au Liban, à Beyrouth, avant d’intégrer les Beaux-Arts de Bordeaux puis l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, dont elle sort diplômée en 2010. Après avoir expérimenté la photo de rue et couvert plusieurs manifestations à Paris, elle semble prédestinée à partir sur des terrains en guerre. Mais sous les conseils avisés de sa mère, elle décide finalement de ne pas s’y aventurer.
Depuis 2015, elle documente la fête – un certain type de fête – pour sa série Abandon. Que signifie ce mot pour elle ? Nous en parlons longuement dans le podcast. Elle s’intéresse à des espaces de liberté, souvent situés en banlieue parisienne, qui durent jusqu’au petit matin. Parfois dans un environnement plus intime, chez des personnes rencontrées la nuit, qui sont devenues au fur et à mesure, des amis proches.
Elle explique ce qu’elle apprécie dans ces lieux : « Ce sont des endroits où des gens de classes sociales, sexes et âges différents se réunissent pour chercher des connexions humaines et des failles dans leur propre conscience et leurs comportements sociaux. Ils peuvent s'abandonner au milieu d'une foule, perdre leurs inhibitions. Finalement, l'expérience est personnelle, et souvent intéressée. » Elle continue, en parlant de ses choix : « Je photographie ce qui me rassure - le contact humain, la tendresse - mais aussi ce qui me fait peur - la dissociation, la folie. »
« C’est l’abandon qui fait que l’on va vers les autres, que l’on détruit les barrières mais qui crée aussi un repli sur soi. »
– Cha Gonzalez
Cha Gonzalez évoque son rapport à la drogue et à l’alcool, qu’elle observe dans les soirées mais qu’elle fuit personnellement, et ce depuis son plus jeune âge et la rencontre avec des adolescents paumés de Beyrouth, trouvant refuge dans l’héroïne… Nous abordons aussi d’autres sujets dans ce podcast, notamment le fait qu’elle soit devenue mère il y a quelques années et ce que cela a provoqué comme bouleversements dans sa vie. Elle nous décrit une image prise en Islande. Un premier voyage entre mère et fils. Le moment de partage est touchant.