ÉPISODE #11 : La nature morte en photographie
« Nature inanimée », écrivait Diderot. Mais quoi de plus étrange que de qualifier de « nature morte » la représentation d’objets du quotidien, de fleurs, de fruits et d’animaux, tout ce qui a à voir avec les sens, le plaisir, la vie même…
Dans ce format Épisode enregistré à la Galerie Huit à Arles, nous accueillons comme toujours plusieurs invité(e)s. Pour cet épisode, nous avons plaisir de recevoir Cédric Porchez et Mathilde Hiley, tous deux photographes de nature morte. Cédric travaille depuis plus de 30 ans, Mathilde fait partie de cette génération de photographes expérimentant de nouvelles facettes de ce genre photographique. Des approches et regards différents, qui parfois se rejoignent. Excellente écoute !
Cet épisode a été réalisé en partenariat avec Adobe France.
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Le terme de nature morte a été forgé au milieu du 18e siècle au moment où se déployait la peinture de Chardin. Autour de 1650, c’est aux Pays-Bas que les peintres hollandais, dans leurs ateliers, évoquent le still-leven, littéralement « nature immobile » ou « nature posant comme un modèle ». De là sont issus l’allemand Stilleben et l’anglais still-life, où s’ajoute à la notion d’absence de mouvement, celle d’une « vie silencieuse. »
Un thème connu depuis l’Antiquité, celui de la Vanité, où l’idée de mort est prédominante, devient aussi plus tardivement un nouveau genre de peinture de nature morte, celui dit des « Vanités ». Les objets représentatifs des richesses de la nature et des activités humaines y évoquent également la fragilité, la brièveté de la vie, la corruption de toute matière, le temps qui passe et la mort.
« En nature morte, la photo publicitaire et la photo plus artistique ont deux univers complètement différents. Pour moi, ce ne sont les mêmes techniques, pas les mêmes lumières, pas les mêmes façons de faire… En pub, on se met au service du produit. Pour mes séries personnelles, c’est l’inverse. J’ai une liberté totale et je ne suis pas à la recherche de la perfection ».
– Cédric Porchez
Évidemment, vous écoutez un podcast sur la photographie, nous parlons donc de la nature morte par le biais de ce médium et de son évolution au cours des dernières années. Entre héritage des beaux-arts et statut d’image publicitaire et corporate, la nature morte est en réalité riche et englobe plusieurs démarches et visions.
Aujourd’hui, beaucoup de jeunes photographes sortant d’école se prêtent au jeu. Ce sont des photographies qui nécessitent en tout cas une formation technique avancée, une connaissance et un attrait pour la composition, la lumière, le décor, les couleurs… Elles se réalisent également souvent sur un temps long, donc la nature fait appel logiquement à la patience et à une certaine forme de dévouement.
« Avec le numérique, on va plus loin qu’avant. Je passe des heures sur mes images en post-production. J’essaie toujours de modifier les teintes et certaines couleurs. Cela donne un aspect un peu plus doux à mes images. J’ajoute aussi beaucoup de grain et de texture pour avoir ce rendu argentique qui est, je trouve, très beau. »
– Mathilde Hiley